CHAPITRE 3/ RAVAILLAC | ![]() |
VT03 ch03/RAVAILLAC La cabine du vaisseau s était illuminée dune belle lumière bleutée. Les deux enfants avaient les yeux grand ouverts et admiraient le spectacle. Derrière le grand hublot de verre, des images défilaient rapidement, des images des événements de lHistoire de lHumanité. Puis, tout à coup, tout sarrêta. Le vaisseau ne tremblait plus, Jim et Jordan se retournèrent vers les deux voyageurs. - Nous sommes arrivés. - Chez nous ? demanda Daîna qui commençait à avoir faim. A cette heure-ci, - mais quelle heure était-il au fait ? son estomac lui faisait comprendre que cétait lheure du dîner. Jonathan, qui avait encore en poche un B.N., le cassa en deux et lui en proposa une moitié. - Non, les enfants, nous sommes en 1610, cest à dire presque 400 ans avant votre époque. Pour être plus précis, nous sommes le 14 mai. - Pourquoi ce jour ? demanda Jonathan. - Je ne vais pas vous répondre, observez seulement. A travers la vitre du vaisseau, des images apparaissaient. Une rue faite de pavés mal assemblés dans laquelle grouillait une foule de gens, portant des paniers de légumes, des sacs de toile emplis dobjets divers, des outres deau ou de vin. Ils étaient curieusement vêtus. De longs pantalons larges, des petites vestes de toile ouvertes sur le devant, des chapeaux pour les hommes, des foulards pour les femmes. Des enfants, presque nus, passaient entre les jambes des passants. - Qui sont-ils ? - Les gens de 1610. Vos ancêtres. Nous sommes dans Paris, rue de la Ferronnerie. Mais regardez plutôt la suite. Soudain, à langle de la rue surgit un carrosse aux portes dorées. Sur les côtés, un blason aux couleurs du roi de France. Le carrosse est un modèle ouvert, cest à dire sans fenêtres aux portes. - Le roi ! sécria Daîna. - Oui, le roi, le roi Henri IV. Son carrosse avait du mal à avancer dans cette petite rue étroite encombrée de monde et une énorme charrette de foin bloquait le passage. Il faut dire que le roi, après la messe du matin, avait décidé de rendre visite à son ami et ministre Sully qui était malade. Comme il était parti un peu précipitamment, seuls deux gardes à cheval laccompagnaient. Soudain, le carrosse fut arrêté. Devant lui, la grande charrette de foin, derrière une autre transportant des foudres remplis de vin. Puis, comme un diable sortant dune boîte, surgit un colosse au visage sévère. Il sapprocha du carrosse royal et par deux fois planta un long poignard dans la poitrine du roi qui seffondra sur le siège, murmurant : « seigneur, je suis blessé » Lassassin fut rapidement maîtrisé par les deux gardes, mais déjà le roi se mourrait. - Cest pas croyable ! pourquoi a-t-il fait ça ? demanda Jonathan. - On ne la jamais su exactement, répondit Jordan. Lassassin, Ravaillac, a déclaré, lors de son procès, et même sous la torture, quil avait agit seul, sans ordre de quiconque. Ses liens avec une vengeance de la part de protestants nont pu être établis. Soudain, Daîna sinquiéta : - Mais, ils vont nous voir ! - Rassure-toi, lui répondit Jim, nous sommes invisibles pour eux. Nous les voyons mais ils ne peuvent nous voir. - Mais on ne peut rien faire pour empêcher ça ? demanda Jonathan. - Non, malheureusement. Nous ne pouvons pas changer le cours de lHistoire. Cest peut-être pas plus mal dailleurs. - Mais cest quand même moche, pour ce bon roi Henri IV, ajouta Jonathan, je suis sûr quil avait encore plein de trucs sympas à faire pour aider les gens de lépoque. - Comme tu dis, mon garçon, dautant plus quil avait réussi à réconcilier les Protestants et les Catholiques qui sentretuaient, quil avait évité des guerres avec les pays voisins, enrichi la France et développé lagriculture. Jonathan continuait à se dire quil ne comprenait pas vraiment le pourquoi de cet assassinat, mais à quoi bon, que faire ? Daîna, elle, se disait que le maître devrait acheter une machine comme celle-là, ce serait plus amusant pour faire de lHistoire. Elle le lui dirait en rentrant. Mais peut-être le maître navait-il pas assez dargent pour ça ou peut-être ne saurait-il pas la faire marcher. Et puis elle avait de nouveau faim et Jonathan navait plus de B.N. Cette fois, la vitre devint floue. Non que le vaisseau se soit mis en marche pour une autre destination, mais parce que les enfants venaient de sendormir. |